samedi 19 février 2011

La grotte d'Adam

Souvenez-vous combien de fois j 'ai essayé de sculpter cette demeure engloutie par la noirceur?,,,
souvenez-vous combien de fois l'aubaine n'était pas si généreuse pour que je puisse sceller mon hippogriffe pour que je vole dans les hauteurs, près du septième ciel, que je franchis les murs ferrés, les embûches roublardes qui nous guettent durablement.
La-bas dans le lointain, dans le lac j'ai mendié Dieu pour exaucer mon imploration : avoir l'âme du pigeon blanc qui réside dans cette montagne esseulée et étrangère.
Or moi, j 'ai été telle une araignée qui n'a pas trouvé encore sa petite résidence, qui n'as pas encore entamé la broderie et la trame de ses fils qui mènent en bateau toute créature naïve et gobeuse.
Or moi, j ai été telles les chauves-souris qui craignent toute lueur de lumière .
Or moi, j'ai été tel un arbre figé malgré la mobilité de la terre, dans l'attente d'un vent impétueux qui me jette dans le recoin de la démence ou le lointain des lointains!

Aujourd'hui ! j'ai droit à la nage dans les plages de mon Moi, à l'entrée dans ma grotte, à la coiffure du plumage qui alourdit mes ailes pour que je déploie mon tapis-volant.Oui mon tapis-volant car mon voyage entre les astres et les galaxies commencera. Car mon atterrissage près de la montagne solitaire, commencera pour ,finalement, déguster au-dessus de la mer, le café du crépuscule.

Quoi ? j'entends le tambourinage des tam-tam et le corillon des clochettes...j'exterminerai ces insectes qui dévorent mon corps chétif, je démolirai ces briques empestées qui m'ont édifié depuis la douceur de mes ongles.
Puisse maintenant prendre un bain avant cette entrée humble dans ma nouvelle demeure, mais ma grotte m'a lavé d'un lait, d'une poussière, d'une lumière. Ainsi mon corps est devenu brillant comme les trésors, comme les morillons.

Me voici aujourd'hui ménageant ma monture, habillant mes fringues originales tel un révérencieux fidèle, je mets mon tarbouch sincère, mes chaussures magiques pour aller vers ma mélodie exilée dans le long exile.

Me voilà brisant les vagues, chevauchant le dos des cachalots et des fauves de l'océan, sautant d'une montagne à une autre montagne, d'une rivière à une autre rivière, d'un village à un autre village pour embrasser l'âme première et la lumière éternelle qui se sont enterrées par les quatre saisons.

Me voilà donc arrivé pour chanter avec les oiseaux, pour fouiner dans les poubelles de l'automne comme un traîne-savates pour psalmodier avec les dieux, par les mêmes dialectes potentielles; là où il n'y a plus de pleurs, seulement cette chorégraphie et cette danse avec les lettres , avec les mots ...


N.B. un tarbouch : un chapeau arabe.

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